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Abbaye du Val-Dieu

 

 

PROLOGUE : LE MOUVEMENT CISTERCIEN

 

 

Des débuts balbutiants

 

       Depuis le Xe siècle, la collusion croissante entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel avait éloigné les ordres monastiques des valeurs primitives du christianisme. Cet état de fait avait abouti à un vif besoin de réformes (ressenti tant à un niveau élevé – papauté – qu’à un niveau plus modeste – bas clergé, simples croyants…). Plusieurs mouvements rénovateurs furent initiés, parmi ceux-ci celui partant de l’abbaye de Cîteaux. Sa particularité, et grande force était la réalisation d’une alliance harmonieuse entre idéal chrétien primitif et réalités du monde contemporain.

 

      L’initiateur du mouvement cistercien fut Robert de Molesne (né en 1028). Animé d’un désir de vie épurée, partagée entre prière et travail, il avait fondé une première communauté en Champagne. Mais le succès de cette abbaye avait fini par en pervertir l’idéal ascétique initial, si bien que Robert s’en était allé fonder un nouvel établissement monastique à Cîteaux, près de Dijon.

Le successeur de Robert, Albéric obtint du Pape que l’abbaye soit placée sous l’autorité (et donc la protection) directe du Saint-siège, le mettant ainsi à l’abri des appétits voisins (épiscopaux par exemple…).

 

Expansion rapide et organisation progressive (1e moitié du XII siècle)

 

      La réputation de l’abbaye de Cîteaux y attira des personnalités remarquables qui firent non seulement prospérer l’établissement mais menèrent à la création de nouvelles abbayes basées sur les principes cisterciens. Ces développements rendirent nécessaire l’établissement d’une Charte de charité. Celle-ci (Summa Cartae Caritatis) assurait le respect des règles ayant prévalues à la création de l’Ordre tout en y intégrant une certaine flexibilité permettant à chaque nouveau monastère de s’adapter à ses spécificités propres. Cette charte fit par la suite l’objet de diverses modifications mais les principes de base perdurèrent, à savoir le souci de pauvreté et celui de simplicité. La vie des moines se devait d’être contemplative (prière, méditation…) mais aussi d’être en partie dévolue au travail manuel (afin qu’ils puissent eux-mêmes pourvoir à leurs besoins). La simplicité se manifestait également par une liturgie dépouillée, l’absence d’ornement et de tout luxe superflu.

Bernard (futur saint), gagné à l’Ordre dès 1112 jusqu’à en prendre la tête, accentua encore le côté ascétique (presque mystique) du mouvement, tout en continuant à en accroître le renom désormais largement international. Son rigorisme eut beau être controversé, ses multiples talents permirent à l’Ordre de perdurer sans sacrifier à ses idéaux premiers.

 

Déclin d’un organisme trop promptement aimé

 

        La volatilité d’un certain nombre de vocations, nées souvent dans l’exaltation d’un moment, et surtout le mode de gestion ayant présidé à la fondation de l’Ordre (bien adapté à une petite structure mais trop pesante à grande échelle), contribuèrent à la déliquescence d’un mouvement qui avait lui aussi fini par se laisser séduire par les sirènes du lucre… Des réformes furent tentées ; la papauté elle-même essaya de ranimer, sans succès, la vigueur de l’Etablissement.

La Renaissance qui s’était mise à traverser l’Europe, la remodelant fondamentalement, ajouta sa part de soucis à cette Institution déjà bien mise à mal.

 

 

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